L’antisémitisme en ligne ne cesse de s’accroitre. A l’heure d’une « génération connectée », la haine du juif se propage sur les réseaux sociaux. Les contenus haineux, et plus spécifiquement les propos antisémites continuent de se répandre à grand vitesse sur la toile.
Twitter, Facebook Instagram ou encore TikTok, toutes ses plateformes sont utilisées quotidiennement pour diffuser des contenus négationnistes et antisémites auprès des plus jeunes utilisateurs à travers le monde…
Des « millions » de hashtags liés à l’antisémitisme sur Instagram et TikTok
Sur Instagram, dont 70 % des utilisateurs dans le monde sont âgés de 13 à 34 ans, on trouve des « millions » de hashtags liés à l’antisémitisme. Sur TikTok, où les utilisateurs sont plus jeunes, 69 % ont entre 16 et 24 ans, trois hashtags liés à l’antisémitisme ont été vus plus de 25 millions de fois. En octobre 2021, des chiffres rapportés par une étude du groupe de défense des discriminations britannique « Hope not Hate ». L’étude souligne que sur les plateformes grand public, l’antisémitisme a atteint les jeunes utilisateurs sous la forme de théories du complot, avec une « augmentation sans précédent » pendant la pandémie de Covid 19.
En mars 2020, les recherches de l’expression « nouvel ordre mondial » dans Google, une théorie du complot antisémite, a ainsi atteint son plus haut niveau depuis quinze ans.
Le négationnisme en ligne
En juillet 2022, L’UNESCO et les Nations Unies, en partenariat avec le Congrès juif mondial (CJM), ont publié un premier rapport sur la falsification et la négation de l’Holocauste sur les réseaux sociaux.
Un rapport rédigé par des chercheurs de l’Oxford Internet Institute a identifié et analysé 4000 posts relatifs à l’Holocauste, sur cinq grandes plateformes : Facebook, Instagram, Telegram, TikTok et Twitter.
Le rapport démontre que la négation et la falsification de l’Holocauste sont abondantes sur Telegram, une plateforme connue pour son manque de modération et de recommandations claires à destination de ses utilisateurs. Sur cette plateforme, près de la moitié (49%) du contenu public relatif à l’Holocauste nie ou falsifie les faits.
Ce taux dépasse les 80% pour les messages en allemand, et atteint près de 50% pour les messages en anglais et en français. Ces posts, facilement accessibles à toute personne à la recherche d’informations sur l’Holocauste, sont souvent explicitement antisémites.
Sur les plateformes modérées, la négation et la falsification sont également présentes, mais dans une moindre mesure. Elles concernent 19% du contenu relatif à l’Holocauste sur Twitter, 17% sur TikTok, 8% sur Facebook et 3% sur Instagram. Toutefois la falsification des faits sur l’Holocauste y revêt de nouvelles formes. Les auteurs de ces contenus apprennent à échapper à la modération, notamment en ayant recours à des mèmes humoristiques et parodiques : une stratégie qu’ils utilisent pour tenter de normaliser les idées antisémites, en leur donnant l’apparence d’idées communément admises.
L’antisionisme et la haine d’Israël en ligne
Avec l’importation du confit israélo-palestinien en France, les propos antisémites se transforment en antisionisme. Une haine d’Israel qui ne cesse de grimper et qui conduit systématiquement à une haine des juifs. Images trafiquées, vidéos détournées ou encore fakes news, les détracteurs ne reculent devant rien pour discréditer l’Etat d’Israel et envenimer la situation.
Antisémitisme sur les réseaux sociaux : une lutte internationale
Ce mardi 21 février 2023, L’American Jewish Committee (AJC) a lancé une campagne de sensibilisation pour convaincre les réseaux sociaux de s’attaquer à la propagation de l’antisémitisme. Selon le rapport de l’AJC, 69% des juifs interrogés ont déclaré avoir fait l’expérience de l’antisémitisme en ligne, soit en tant que cible, soit en voyant un contenu antisémite. Le rapport indique également que les jeunes juifs (85%) sont plus susceptibles de faire l’expérience de l’antisémitisme en ligne que ceux de plus de 30 ans (64%)
“Le rapport souligne la nécessité d’en faire davantage pour lutter contre l’antisémitisme dans le monde numérique”, a déclaré le directeur de l’AJC Ted Deutch. “Les entreprises de réseaux sociaux doivent faire plus dans la lutte contre l’antisémitisme, d’abord en s’assurant que leurs plateformes ne soient pas utilisées comme des rampes de lancement pour les théories conspirationnistes et la haine visant les Juifs. » a-t-il ajouté.
En France, en moyenne 51000 contenus antisémites sont collectés et analysés chaque année sur les réseaux sociaux.