Monsieur le Maire,
Madame la Présidente de la Métropole,

Madame la Sénatrice 
Mesdames, Messieurs les élus,

Monsieur le président du consistoire Israélite de Marseille 

Monsieur le président du FSJU 
Chers amis,

Il est des absences qui nous imposent bien plus que le souvenir. Elles exigent de nous la vigilance, l’engagement, la parole lucide — et l’inscription durable de la mémoire dans l’espace républicain.

Aujourd’hui, ici à Marseille, ce que nous inaugurons dépasse la simple dénomination d’un lieu.
Ce 
jardin Sarah Halimi n’est pas qu’un espace vert :
c’est une blessure qui prend racine dans la cité, un cri mué en arbre
mais aussi une page de justice – symbolique, essentielle, irrévocable.

Oui, il était essentiel qu’ici, à Marseille, ville plurielle, ville-monde, un lieu soit dédié à la mémoire de Sarah Halimi. Non pas pour entretenir une douleur, mais pour qu’elle devienne lumière, appel, conscience et pour rappeler qu’en République, le silence face à la barbarie n’est jamais une option.

Aussi je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Sylvain Souvestre, maire des 11e et 12e arrondissements, qui a immédiatement accepté ma proposition pour que notre ville rende hommage à Sarah HALIMI en décidant de porter ce projet, avec humanité et détermination.

Mon cher Sylvain, alors que l’antisémitisme resurgit avec une violence inédite depuis des décennies, ton initiative est bien plus qu’un hommage. Avec Valérie Boyer et Martine Vassal à tes côtés, vous adressez un signal d’alerte, une prise de position courageuse, un rempart contre l’indifférence, une réponse ferme à la haine et au rejet de l’autre.

Le 4 avril 2017 Sarah Halimi, victime du terrorisme islamiste, a été assassinée parce qu’elle était juive. 

Il y a 7 ans une femme de 65 ans, une mère, une citoyenne française, surprise dans son sommeil, a été séquestrée, rouée de coups, défenestrée sous les cris de « Allah Akbar » et arrachée à la vie dans une barbarie dont le nom ne doit jamais être édulcoré.

Comment honorer la mémoire de Sarah Halimi sans évoquer le combat judiciaire acharné qui a suivi sa mort ?
Un combat mené par ses proches, par ses avocats, par tous ceux qui refusent que l’injustice se drape dans les habits du droit.

Ce combat fut celui d’une famille, d’un peuple, d’une nation blessée. Car, dès l’ouverture de l’enquête, la justice s’est montrée frileuse à qualifier l’acte d’antisémite. 

Il aura fallu des mois de lutte judiciaire acharnée pour faire admettre que les dernières heures de Sarah, les conditions atroces de sa mise à mort, le choix de la victime mais aussi le profil du meurtrier » tendaient de façon inéluctable au soutien du motif aggravant d’antisémitisme.

Oui l’antisémitisme est au cœur de ce crime.

Et pourtant, malgré l’évidence, la vérité judiciaire a vacillé.
La reconstitution, demande pourtant banale dans toute affaire criminelle, 
s’est écrasée violemment sur le mur de la vérité recherchée par des refus obstinés !

Des expertises psychiatriques contradictoires n’ont pas suffi à éveiller le doute. Et l’inacceptable est arrivé : la justice a reconnu le caractère antisémite du crime… mais a conclu à l’irresponsabilité pénale du meurtrier.

Parce qu’il était sous l’effet d’une « bouffée délirante » induite par la consommation de cannabis, le bourreau de Sarah Halimi ne pouvait être jugé !
La Cour de cassation, le 14 avril 2021, A l’abri des dispositions insuffisantes de la loi qui ne distinguaient pas selon l’origine du trouble psychique ayant conduit à l’abolition de ce discernement est venue refermer la porte d’un procès auquel la société avait droit.

Cette décision a laissé dans son sillage une société choquée, heurtée, déconcertée.

Comment expliquer que l’on puisse hurler sa haine, ôter la vie dans un déchaînement de haine antisémite et être déclaré irresponsable… au nom d’un trouble que l’on s’est soi-même infligé ?

Ce raisonnement juridique, aussi rigide que paradoxal, s’est mué en une dérobade juridique, une caricature de justice, une débâcle morale, dans un moment où la République aurait dû être au rendez-vous de la vérité.

Mais ce combat n’aura pas été vain.
Il a ouvert les yeux. Il a révélé les lacunes de notre droit.

La loi du 24 janvier 2022, pour laquelle j‘ai eu l’honneur de participer aux travaux de réflexion,a introduit de nouvelles dispositions dans le Code pénal, visant à encadrer plus strictement l’irresponsabilité pénale en cas de trouble mental résultant de la consommation volontaire de substances psychoactives.
Cette loi, est née du fracas de cette injustice, de l’indignation collective que l’assassinat de Sarah Halimi a provoquée, et du combat acharné mené pour que la République ne détourne pas le regard.Elle ne porte pas le nom de Sarah Halimi, mais c’est bien son martyre qui l’a suscitée.

Je veux ici saluer le courage, la ténacité, l’engagement inlassable de son frère, William Attal, qui n’a cessé, depuis ce drame, de porter haut la mémoire de sa sœur et d’exiger, au nom de la vérité et de la justice, que son nom ne soit jamais effacé.
Aujourd’hui, ici à Marseille, ce combat trouve un échoun lieu portera le nom de Sarah Halimi. Ce jardin.

Ce jardin sera un lieu de recueillement, un espace de paix, un souffle de fraternité. Il rappellera à chaque passant que la République, c’est d’abord la promesse faite à chacun d’être protégé, reconnu, respecté, quelle que soit son origine ou sa foi.

Et à Sarah Halimi, il offrira ce que la justice n’a su lui donner : une place, un nom, un hommage.

Je vous remercie.