Monsieur le Secrétaire Général de la Préfecture de Région
Mesdames et Messieurs les Elus
Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents d’Associations,
Chers Amis
Il n’est de souvenir plus insoutenable et de vision plus déchirante que celui d’un sourire d’enfant qui s’éteint dans la nuit d’un convoi.
Il n’est de murmure plus glaçant que celui des pas d’un enfant arraché à son sommeil, traîné à l’aube vers l’inconnu, vers une gare, avec pour seul horizon les rails froids de la déportation menant aux ténèbres de l’Histoire.
Ce pas minuscule et brisé c’est celui que notre propre pays a laissé résonner dans l’indifférence et la complicité.
Derrière chaque ligne d’archive se cache une étoile cousue, une chambre vidée, un visage effacé, une vie brisée.
Ici, en France, L’Humanité a été effacée par les pouvoirs de l’époque appelant et organisant la déportation. Il n’y eut pas que des rafles. Il y eut des lois. Il y eut des listes.
La France n’a pas seulement trahi ses enfants, elle les a traqués, dénoncés et livrés. Non par erreur ou exigence allemande mais par volonté du gouvernement de VICHY de surenchérir dans l’abjection.
Un État qui n’était plus la République,
C’est notre devoir d’en parler aujourd’hui, pas pour cultiver le culte du souvenir mais parce que notre mémoire est le dernier rempart contre l’effacement.
Dans le monde d’aujourd’hui, nous sommes confrontés à des défis qui résonnent douloureusement avec les ombres du passé.
Les leçons de l’Histoire sont à nouveau défiées, piétinées, conspuées alors le souvenir sombre n’a plus aucune force dans la tempête du présent.
Depuis le 7 octobre, l’antisémitisme n’est plus une lèpre honteuse.
Il est devenu un drapeau, brandé sans pudeur, assumé sans vergogne.
Des rabbins attaqués.
Des synagogues profanées.
Des enfants menacés dans les écoles de la République.
Une fillette violée
Des artistes boycottés
Alors, notre combat doit être clair, ni partisan ni circonstanciel.
Il doit être moral, républicain, humaniste.
Il est de refuser l’antisémitisme où qu’il se cache.
Il est de dénoncer ceux qui veulent faire de l’antisionisme un permis de haïr, d’insulter de blesser de torturer ou de tuer.
Parce que dans cette déferlante, les mots sont des armes.
Et dans les rangs des partis politiques d’extrême gauche certains élus en manient les plus perfides.
Alors disons-le, sans trembler : ces discours ne sont pas des maladresses. Ce sont des complicités qui attisent les braises d’un antisémitisme qui ne craint plus de s’afficher.
Par leurs appels obsessionnels et haineux à la délégitimation de l’Etat d’Israël et en dévoyant une cause humaniste juste, ils se drapent dans les oripeaux d’une indignation sélective.
Accuser Israël de génocide, c’est falsifier le réel et profaner l’Histoire en insultant la mémoire des victimes pour qui le génocide fut une réalité absolue et non un slogan politique.
Mais plus grave encore, ce glissement sémantique, perfide et insupportable, détourne contre le peuple juif l’accusation qu’il a le plus douloureusement endurée et désigne le peuple juif comme peuple génocidaire comme si les cadavres du 7 octobre n’avaient jamais existé.
Mesdames et Messieurs
Dans cette heure troublée, il est permis de douter, mais interdit de céder.
Comme le disait Robert Badinter :
« Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement la justice, c’est l’idée que nous nous faisons de l’homme. »
Et cette idée, nous la défendons ici, en ce jour solennel, à la mémoire des victimes et en l’honneur des Justes.
Mais aussi pour ceux dont l’humanité est aujourd’hui niée, ceux arrachés à leurs familles, maintenus dans l’ombre et l’effroi : les otages israéliens, les otages français détenus en Iran, Boualem Sansal pour lesquels nous exigeons la libération.
Telle est la force vive de cette commémoration : elle nous rassemble dans une même émotion, entre inquiétude et espérance, portés par la volonté de forger un enseignement sans concession sur les valeurs fondamentales ultime rempart contre la lâcheté et la barbarie.
Simone Weil nous rappelait :
« L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui, pour lui, devons tout lui donner. »
Et ce que nous devons à l’avenir, c’est la vigilance, le courage, la mémoire en acte.
Parce qu’il est encore temps, toujours, de résister.
Résister, comme l’ont fait les Justes de France, ces âmes silencieuses et courageuses, qui n’ont pas attendu le jugement de l’Histoire pour choisir le camp de l’honneur.
Ils n’étaient ni héros ni puissants, mais ils ont su, dans l’épaisseur de la nuit, faire jaillir une étincelle d’humanité.
Ils sont la preuve que le courage individuel peut défier la machine de la haine, et que la conscience, même solitaire, peut enrayer les engrenages de la barbarie.
Emmanuel Levinas écrivait : « Le visage de l’autre m’oblige. »
Ces Justes ont vu dans le visage de l’enfant traqué, du voisin menacé, du Juif humilié, une injonction morale.
Ils ont incarné ce que la République peut offrir de plus beau : la fraternité active.
Aujourd’hui, nous avons le devoir de puiser dans leur exemple la force de choisir, encore et toujours, la fraternité contre la peur, le courage contre la complaisance, la solidarité contre le renoncement.
Aujourd’hui, pas demain, l’urgence est de faire entendre, chacun, le murmure de notre propre conscience.
Je vous remercie