Monsieur le Premier Ministre Cher Bernard CAZENEUVE

Madame Martine Vassal

Monsieur le Sénateur Stephane LE RUDULIER

Monsieur le Président du FSJU, Lionel STORA

Monsieur le Président du Consistoire Israélite de Marseille

Chers amis

Nous voici réunis, dans cette belle maison de l’Hôtel du Département, pour cette grande convention régionale du CRIF Marseille-Provence, un rendez-vous essentiel pour tous ceux qui portent en eux l’idéal républicain.

Monsieur le Premier Ministre,  votre presence nous honnore et nous vous remercions vivement d’avoir accepté notre invitation.

Ma chère Martine, chère amie, permets-moi de t’adresser, en mon nom et en celui de toute la communauté juive de Marseille et de Provence, notre profonde gratitude.
Ton soutien indéfectible, ton engagement constant et ton amitié sincère sont des lumières dans ces temps d’obscurité.

Cette année, nous nous retrouvons autour du thème : « Le monde face à ses fractures : géopolitique, société et identités ».

Ce titre a été choisi face au constat édifiant d’un monde qui trébuche et titube sous le poids de ses fractures : identitaires, religieuses, civilisationnelles. De l’Ukraine au Proche-Orient, du Sahel à l’Asie, les guerres ne sont plus seulement des conflits de territoires, mais des affrontements de visions du monde.

Et tandis que les nations vacillent entre sursaut et renoncement, une question s’impose : sommes-nous encore capables de défendre ce qui nous définit ?

Partout, des lignes de faille s’ouvrent et des certitudes vacillent. L’Europe se découvre fragile, la démocratie chancelle sous les assauts des populismes, et la haine gangrène nos sociétés.

Nous voyons l’antisémitisme, que l’on croyait banni par l’Histoire, refaire brutalement surface. Nous voyons la haine d’Israël se répandre avec arrogance, prenant l’apparence trompeuse d’un engagement humaniste, alors qu’elle n’est qu’un masque, un leurre, un poison.
Dans un monde fracturé, où les démocraties plient sous le fardeau de la haine et du mensonge, « Aux armes, citoyens ! » était le mot d’ordre qui ouvrait notre matinée de travail. Un cri d’alerte, un appel à la vigilance et à la mobilisation contre la désinformation – ce poison insidieux qui gangrène les esprits et menace notre cohésion.

Mes chers amis,

Ce que nous vivons aujourd’hui dépasse une simple montée des tensions.

Dans un monde en proie à une lutte existentielle entre la civilisation et la barbarie, Israël se tient en première ligne, bastion assiégé face à l’hydre de l’islam radical, tandis que l’Occident vacille entre lucidité et aveuglement.

Israël est en première ligne de cette bataille qui n’oppose pas seulement des nations, mais des valeurs, des conceptions du monde, une vision de l’avenir. Un combat pour la vérité, pour la liberté, pour la dignité humaine.

Le 7 octobre a été un choc, une déchirure de l’humanité, une blessure béante dans notre conscience collective. Ce jour-là, l’horreur a frappé sans distinction, arrachant des vies innocentes dans un déchaînement de barbarie.

La famille Bibas, symbole de cette tragédie, Ohad Yaaloumi, notre compatriote, tous tombés sous les coups de ceux qui haïssent la liberté.

Et pourtant, ici même, en France, l’écho de cette barbarie résonne d’une manière alarmante.

En 2023, la France a enregistré 1 676 actes antisémites, un chiffre historique, en hausse de 280 % par rapport à 2022 ; et en 2024, avec 1 570 actes déjà signalés, l’Histoire bégaie tragiquement, révélant une menace qui ne faiblit pas.

Des familles juives cachent leur identité, renoncent à porter leur kippa, changent le nom sur leur boîte aux lettres et effacent toute trace de leur judaïsme pour ne pas être prises pour cible. Est-ce cela, la France que nous voulons ? Une France où des citoyens vivent dans la peur, où ils doivent cacher qui ils sont ?

L’école subit de plein fouet la flambée d’antisémitisme qui se répand depuis le 7 octobre.
Selon l’enquête IFOP-CRIF parue cette semaine, à l’école, les actes antisémites ont été multipliés par quatre en un an. Un élève sur deux témoigne avoir déjà entendu dire du mal des juifs, et un élève sur quatre trouve acceptables des propos tels que : « sale juif », « Hitler, il aurait pu finir le travail », « sale sioniste ». Un enfant sur quatre ! Dans la France de 2025 !

Comment accepter cela, à l’heure où certains voudraient nous exclure, nous invisibiliser, nous réduire au silence ?

Hier encore, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, des extrémistes islamo-gauchistes ont tenté d’interdire aux femmes juives de manifester dans les cortèges, aux cris de : « Cassez-vous, sionistes fascistes, c’est vous les terroristes ! »

Exclure les femmes juives d’un combat féministe qui porte la voix des femmes violées, mutilées, assassinées parce que juives… Quelle ironie cruelle ! Quelle insulte à l’universalité des droits humains !

Et pourtant, au lieu de lutter ensemble contre ce fléau, certains préfèrent alimenter les haines. La France Insoumise, loin d’être un rempart contre l’extrémisme, en est devenue le relais. Au lieu de dénoncer sans ambiguïté l’antisémitisme, elle l’instrumentalise, le minimise, l’habille de slogans politiques.
Rima Hassan en est l’illustration parfaite : en dépeignant Israël comme un bourreau et en refusant de qualifier le Hamas pour ce qu’il est – une organisation terroriste –, elle joue un rôle direct dans la délégitimation d’un État démocratique et dans la désinhibition de la haine antisémite en France.

Face à une banalisation insupportable de la haine des juifs, où l’indignation s’émousse et l’inaction devient complice, comment renouer avec le pacte républicain, si la République elle-même tolère que ses valeurs soient piétinées par ceux-là mêmes qui sont censés l’incarner ?

Mais quelles tristes leçons de l’Histoire avons-nous donc oubliées ?


Mes chers amis,

Ici, à Marseille, Ville-monde, ville-carrefour, ville de lumière, mais aussi de défis, nous savons que la fraternité n’est pas un vain mot.

Marseille a vu naître tant d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains qui ont chanté la rencontre et la diversité.

Mais cette richesse se fissure si nous ne transmettons pas aux générations futures les principes qui font la grandeur de la République. Car si la République ne transmet plus ses valeurs, alors c’est l’obscurantisme qui éduque à sa place.

Face aux tensions, aux divisions, aux tempêtes qui secouent nos sociétés, enseignons, armons les consciences contre la haine, contre le rejet de l’autre, contre l’antisémitisme, contre toutes les fractures qui menacent notre destin commun.
Face aux fractures du monde, opposons l’exigence du vrai, du juste, du républicain.

Pour conclure, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à la présidente de la commission colloque, Madame Michèle TEBOUL, ainsi qu’à l’ensemble des membres de la commission : Samuel BENHAMOU, Alexa AMRAM, Raymond AROUCH, Francine GARDIOLE, Corinne KRIEF, Benjamin AYOUN, Serge COHEN, Diane BENICHOU, Patricia MIZRAHI, qui ont travaillé pour la réussite de cet événement.

Je remercie également chaleureusement l’ensemble des intervenants d’exception qui ont généreusement accepté de dissiper nos incertitudes et d’enrichir notre réflexion.

Puisse l’intensité des débats qui nous attendent, ainsi que les instants d’émotion, d’inquiétude et d’espérance que nous partagerons, résonner en nous longtemps, éveillant les cœurs et éclairant les consciences.

Je vous souhaite une convention inspirante et mémorable !

Mais avant d’ouvrir notre première table ronde, en hommage aux victimes israéliennes et à tous ceux qui, depuis le 7 octobre, portent le poids de la douleur, je vous invite à observer une minute de silence.

Et pour illuminer l’espoir, pour rappeler que nous ne cesserons jamais d’espérer et d’agir pour la libération des otages, j’invite Monsieur le Premier ministre Bernard CAZENEUVE, Madame Martine VASSAL et Monsieur le Sénateur Stéphane LE RUDULIER à allumer une bougie.

Quatre bougies : symboles de lumière, signes d’espérance, témoins de notre solidarité et garantes de notre foi en l’humanité.

Je vous remercie.