Hôtel de Région 27 place Jules Guesde Marseille DIMANCHE 17 NOVEMBRE 2024
Discours d’introduction de Fabienne BENDAYAN CHETRIT Présidente du CRIF Marseille Provence
Monsieur le Ministre
Mesdames et messieurs les élus
Monsieur le porte parole de l’Ambassade d’Israël
Mesdames et Messieurs les présidents d’association
Mesdames et messieurs
Mes Chers amis
Le CRIF Marseille Provence est très heureux de vous accueillir dans les salons d’honneur de l’Hôtel de Région mis à disposition par le Président Renaud MUSELIER, représenté par notre ami et Vice Président de la Région Ludovic PERNEY, dont la fidélité nous accompagne depuis toujours et en particulier au cours de ces 5 derniers mois si éprouvants.
Je vous remercie de votre présence nombreuse à nos côtés.
La préoccupation du discours de haine n’est pas nouvelle. Albert CAMUS le disait à sa manière ‘’Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on peut en dire.’’
Alors Pourquoi tant de haine ?
Les stéréotypes racistes et antisémites demeurent d’une actualité accablante quand il s’agit de trouver des boucs-émissaires à nos frustrations, des mots aux actes, la frontière est ténue, fragile il ne faut donc taire aucune des attaques portées.
Notre première table ronde mettra en lumière, j’en suis sûr, la querelle qui déchire les intellectuels et résonne dans la sphère médiatique : La France face à ses extrêmes.
En France comme ailleurs en Europe les courants dits d’extrême droite entrent dans une phase de normalisation.
L’extrême gauche assume un virage radical sans précédent.
Paradoxe ultime : une certaine gauche humaniste nouerait avec la droite les liens destructeurs d’une commune détestation, nouveau courant social, fourre-tout, composé d’ingrédients divers qui peuvent suggérer et provoquer une certaine violence !
On observe que les extrémismes nationalistes et les radicalités religieuses se nourrissent les uns les autres et menacent de prendre en tenaille notre République, autour du militantisme progressiste et des nouvelles approches en sciences sociales se cristallisent les oppositions idéologiques ; au-delà du clivage droite-gauche, elles recèlent des fractures françaises.
Charge virulente, complainte stridente, refrain entendu, répétition lancinante inspirée par un certain wokisme et la déconstruction sournoise de notre civilisation à laquelle elle s’attacherait !
Nous assistons à une déferlante continue qui sape nos principes fondamentaux, érode les valeurs républicaines et balaie nos valeurs humanistes. Les attaques et les dérives crépitent dans un fracas assourdissant. Des fractures alimentées par la radicalité de la France Insoumise Un parti dont les élus irresponsables par complaisance, par clientélisme et même par idéologie nourrissent l’antisémitisme. Face à des adversaires aussi clairement déclarés qui cherchent à diviser notre société, à semer la discorde et à remettre en question les valeurs fondamentales sur lesquelles notre République est fondée nous ne cesserons jamais de mener la bataille,
Nous avons un choix à faire : soit nous nous laissons submerger par le pessimisme, soit nous faisons preuve de courage, de détermination et d’audace. Dans la cohue des horreurs contemporaines le souvenir de situations analogues ne suffit plus !
En 2001 Robert Badinter écrivait que « nazisme et xénophobie sont toujours présents même s’ils se dérobent sous des masques hypocrites et qu’ils suscitent toujours discours, provocations et violences parfois meurtrières ».
Ce n’est pas qu’une question politique C’est une question de civilisation ne jamais garder le silence lorsque l’humanité est menacée.
Mesdames et messieurs
Nous nous réunissons aujourd’hui dans le souvenir encore brûlant des atrocités du 7 octobre « le plus grand massacre antisémite du XXI siècle’’
N’en doutons qu’il y aura « un avant et un après 7 octobre » :
Depuis ce jour de sidération de l’humanité notre quotidien devient une respiration solidaire avec les victimes israéliennes et les douleurs infligées par le terrorisme islamiste, lâche et veule par nature.
Je me suis rendue en Israël le 23 octobre avec une délégation du CRIF conduite par Yonathan Arfi et composée d’une vingtaine de responsables des principales organisations juives en France pour exprimer notre soutien et notre solidarité.
Au cœur de l’indicible nous avons visité les kibboutz où l’humanité a été réduite en cendres
Nous nous sommes rendus à la base de Shura confrontés à l’odeur pestilentielle de la mort, nous avons vu les corps déchiquetés par la barbarie entreposés dans les containeurs réfrigérés.
Nous avons rencontré les familles des victimes et des otages dont les cœurs déchirés et les témoignages bouleversants resteront à jamais gravés en nous.
Les mots sont insuffisants, imparfaits, inexistants pour exprimer réellement ce que nous avons vu, entendu, ressenti.
Le 7 octobre 1200 personnes, femmes, enfants, personnes âgées ont été délibérément, méthodiquement, assassinés dans une sauvagerie qui dépasse tout ce que l’humanité croyait ne pas pouvoir commettre au XXIème siècle.
Une attaque massive contre des civils assassinés de sang-froid, exécutés torturés, mutilés décapités. Des viols des crimes sexuels sadiques Des femmes enceintes éventrées !
240 hommes, femmes et enfants ont été pris en otages dont 134 sont encore retenus entre les mains du HAMAS.
Le pogrom du 7 octobre et la réponse israélienne bouleverse une géopolitique régionale déjà instable !
Israël, bouclier du monde occidental au Moyen-Orient, joue un rôle stratégique crucial en contenant la menace de l’islam radical
L’humanité ne peut être confinée la terreur et l’oppression ne peuvent dicter notre avenir.
Et pourtant on a vu, progressivement mais rapidement, mise à jour une menace terrible : le confortable « dos-à-dos » qui contextualise pour enfoncer les victimes et disculper l’agresseur !
En France Les conséquences des attaques du 7 octobre et de la légitime riposte d’Israël ont scindé le débat public ; dans la polarisation des échanges, la nuance s’est effacée pour laisser place aux affirmations généralistes et péremptoires dans l’opposition parfaite des certitudes !
Idéologie qui aveugle, lâcheté neutraliste et négationnisme en temps réel !
À nos yeux de citoyens, il ne peut pourtant y avoir d’équilibre entre d’un côté un régime islamiste qui persécute les femmes et les homosexuels et qui ne pratique aucune élection libre, et de l’autre un régime pluraliste, et démocratique, qui protège les minorités en son sein.
À nos yeux de citoyens il est dans l’intérêt de la France de défendre Israël rempart de la démocratie face aux attaques du Hamas, du Hezbollah, au moment où l’on assite à un délitement de ce qu’on appelle en France « les valeurs Républicaines » .
Ce à quoi nous assistons, c’est la mue ultime de la passion antisioniste transfigurée par la magie de la défense d’une cause palestinienne dévoyée, en combat progressiste à dimension planétaire.
Juste compassion pour les victimes palestiniennes mais écartant de cette compassion les victimes juives ou israéliennes,
La haine des juifs est portée par l’antisionisme radical et la compassion exclusive pour les Palestiniens, quoi qu’ils puissent faire, actions terroristes comprises.
Le conflit israélo-palestinien devient un prétexte pour le militantisme, les centaines de milliers de morts des autres conflits n’engendrent quasiment aucune réprobation.
Les manifestations propalestiniennes en scandant à gorge ardente : « from the river to the sea » proposent d’effacer d’Israël de la carte proche-orientale.
Désormais, juif et Israël, Israël et juif, sont deux termes interchangeables en vue de « diaboliser Israël comme État criminel et génocidaire » et de manifester « la haine des Juifs et de la République
Le génocide est une accusation qui, lorsqu’elle est utilisée à tort, peut détourner l’attention des véritables atrocités et miner la crédibilité des institutions qui cherchent à rendre justice.
Des institutions enfermées dans un mutisme coupable.
Silence des organisations féministes !
Silence des organisations internationales telles que la Croix-Rouge et l’UNICEF, dédiées à la protection des droits et du bien-être des plus vulnérables, immobilisées par l’inertie !
Après un silence assourdissant il aura fallu attendre 5 mois pour que l’ONU reconnaisse enfin les crimes sexuels commis le 7 octobre et les abus sexuels qui persistent à l’encontre des femmes otages du HAMAS.
L’enquête de l’ONU que l’Institution semble vouloir enterrer ne pourra malheureusement pas éradiquer le négationnisme autour des actes innommables qu’elle a révélés.
Elle ne pourra palier le mutisme des organisations internationales qui soulève des questions troublantes sur la sélectivité de la solidarité.
Mesdames et messieurs
La flambée spectaculaire et inédite des actes antisémites déclenchée dès le 7 octobre à travers le monde, démontre que l’antisionisme est par essence antisémitisme.
Cet antisémitisme se nourrit depuis le 7 octobre toujours plus de la haine d’Israël, de l’islamisme et du complotisme.
Force est de constater que le pro palestinisme inconditionnel est désormais le principal vecteur de la haine des juifs dans le monde. Les Juifs étant assignés à répondre de ce qui se passe au Proche-Orient”
En France 1676 actes antisémites recensés en 2023 + 1000 % depuis le 7 octobre !
L’antisémitisme explose,
L’antisémitisme s’émancipe et multiplie les visages,
Il s’abrite derrière le négationnisme, il bénéficie trop souvent de complaisances coupables.
A cet instant comment contenir notre colère et notre indignation ?
Evoquer ce qui s’est produit à l’occasion de la journée du 8 mars n’est pas seulement observer qu’il s’agit d’une atteinte aux droits des femmes, mais dénoncer le crachat a la mémoire des victimes israéliennes du 7 octobre et une attaque intolérable à l’encontre des françaises juives.
Les événements récents qui se sont produits à Sciences Po Paris et qui se déroulent dans un certain nombre de lieux universitaires depuis le 7 octobre illustrent la stigmatisation et le climat extrêmement lourd qui pèse sur les étudiants juifs de France.
C’est inacceptable ! Ces évènements sont profondément antisémites.
Les digues sont tombées, les lignes rouges sont franchies, la coupe est pleine !
Mesdames et messieurs
Les valeurs républicaines sont tellement mises à l’épreuve qu’elles méritent une réaction massive.
Car ne nous trompons pas si l’antisémitisme commence avec les Juifs, il ne s’arrête pas aux Juifs :
A chaque fois, il a précédé la division le rejet de l’autre et l’effondrement de nos valeurs.
Comment est-il imaginable que la lutte contre l’antisémitisme apparaisse comme un manque d’empathie à l’égard des autres victimes ?
Les combats antiracistes et contre l’antisémitisme peuvent-ils encore se mener simultanément et conjointement ?
Qu’est devenu le « cercle de la raison » ? Où est « le cercle du réel et du possible » ?
La question de la civilisation irréversible se pose.
Mesdames et Messieurs
Pour conclure je souhaite remercier les membres de la commissions colloques du CRIF et en particulier sa présidente Madame Michèle TEBOUL ainsi que tous les intervenants prestigieux qui ont accepté d’éclaircir nos doutes et d’enrichir nos réflexions.
Je forme le vœu que les débats passionnants auxquels nous allons assistés et les moments partagés d’émotion d’inquiétude et d’espoir murmurent dans les cœurs et retentissent dans les consciences.
Je vous souhaite une belle convention !
crédit photo Brigitte Arakel