Monsieur le Préfet de Région,

Monsieur le Préfet de police,

Madame la Préfète Déléguée à l’Egalité des Chances

Madame le Maire,

Mesdames et messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles, militaires et religieuses,

Mesdames et Messieurs les Consuls Généraux ou leurs représentants,

Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’anciens déportés, résistants et combattants, des

organisations culturelles, éducatives, humanitaires, et du monde économique,

Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux des organisations patriotiques,

Mesdames et Messieurs des forces de sécurité,

Nous sommes rassemblés aujourd’hui dans ce lieu habité par la mort et chargé d’histoire, où les échos d’une

époque sombre résonnent encore dans les murs témoins de l’horreur pour commémorer le 80e anniversaire de

la libération d’Auschwitz.

Le camp des milles est un des rares lieux témoins préservés en Europe qui raconte l’histoire tragique de la

volonté d’extermination systématique des Juifs par l’Allemagne nazie pour qui ils étaient des « microbes »

dangereux et nuisibles qu’il fallait extirper du corps de la nation allemande, de la civilisation, de l’humanité.

Ce lieu, qui symbolise l’abîme de l’inhumanité, nous rappelle que L’Humanité a été effacée par la politique de

collaboration d’État pratiquée par le régime de Vichy avec l’Allemagne nazie.

Dans une chaîne infernale au service d’une idéologie perverse hommes femmes et enfants subiront

Déportations, humiliations, tortures, exécutions.

Ils ont été sortis de leur domicile avec une grande brutalité.

Les femmes et les enfants d’un côté et les hommes de l’autre.

Une Séparation atroce et définitive qui les conduirait escortés dans les ténèbres de l’histoire.

Leur calvaire ne faisait que débuter !

Ils ont été chargés comme des animaux dans des wagons plombés pour un voyage d’apocalypse qui les

mènerait dès leur arrivée dans les cris, Les aboiements des chiens, les appels sans réponse, les coups, les

hurlements, la solitude la plus sèche, la plus noire, à une mort d’une violence obscène, avant que leurs corps

sans vie, leurs corps ne soient humiliés par le four et la cendre.

À Auschwitz, l’humanité a touché le fond.

Primo Levi, rescapé de cet enfer, écrivait dans Si c’est un homme :

« L’histoire des camps doit être entendue par tous, pour que jamais ne se répète ce qui fut. »

Hélas aujourd’hui, Les souffrances ardentes de la shoah respectueusement commémorées s’entremêlent aux

douleurs infligées par le constat d’une réalité qui nous afflige et nous révolte : nous voyons réapparaître les

ombres du passé et le retour de la haine des juifs.

Dans le mélange cruel et odieux de la mémoire et de l’actualité, cette cérémonie commémorative trace un lien

tragique entre le passé et le présent et nous invite à mesurer la profondeur de l’Histoire qui nous précède.

Une actualité déchirée et assombrie par la nuit du 7 octobre et la flambée de l’antisémitisme qui sévit partout

dans le monde.

Ce jour-là, c’est une bombe à fragmentation qui a explosé au visage du peuple Juif, au visage de l’Humanité

tout entière et depuis l’onde de choc ne cesse de se propager.

Depuis le 7-Octobre, jour où l’horreur a frappé en ISRAEL, un vent de haine s’est levé dans nos rues, nos

écoles, nos réseaux sociaux autorisant une banalisation insupportable et un sentiment de solitude

républicaine.

Pour la seconde année consécutive l’antisémitisme, loin d’être résiduel, atteint un nombre historique avec 1

570 actes antisémites recensés contre 1676 en 2023.

Cette année se distingue comme ayant le plus grand nombre d’actes de violence de la dernière décennie, des

agressions physiques qui se multiplient, un attentat sur la synagogue de la Grande Motte, l’incendie de la

synagogue de Rouen et le viol antisémite d’une enfant de 12 ans à Courbevoie.

Cet antisémitisme se nourrit toujours plus de l’islamisme et du complotisme et de la haine d’Israël.

Dans une menaçante inversion Accusatoire le terme dévoyé de génocide, s’est transformé en un champ de

bataille idéologique et politique.

Par clientélisme, L’extrême gauche et la France Insoumise n’ont cessé de placer la haine d’Israël au centre du

débat public, Catalyseur d’un antisémitisme qui salit la mémoire de ceux dont nous nous souvenons.

Albert Camus, cet homme de lumière et de résistance, nous avertissait :

« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera

pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande encore : elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »

Empêcher que le monde ne se défasse. Telle est notre mission aujourd’hui.

Cette mission incarnée par nos infatigables gardiens de la mémoire et défenseurs de l’histoire Denise TORROS

MARTER Albert BARBOUTH et tant d’autres que veux ici saluer qui ont consacré leur vie à transmettre cette

mémoire pour nous léguer un universalisme de valeurs et de droits.

Ils nous ont montré la nécessité de transmettre, d’enseigner, d’éduquer, de prévenir et d’agir pour que jamais la

banalisation ne prévale sur la vérité.

Mesdames et messieurs,

Auschwitz n’est pas qu’un symbole du passé : il est une mise en garde permanente nous rappelant que

l’humanité est toujours à la croisée des chemins.

Cette humanité a parfois un nom et le courage et la solidarité un visage : celui des justes parmi les nations.

Eux qui ont su incarner l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité.

Cette humanité incarne parfois l’espoir.

L’espoir qui se manifeste aujourd’hui par un cessez le feu et la libération des otages du Hamas après des mois

d’attente insupportable.

Nous partageons leur soulagement, même si notre cœur reste lourd pour ceux qui attendent encore dans les

profondeurs des tunnels et pour ceux dont le sort demeure incertain.

Mesdames et messieurs,

En mémoire des millions d’âmes disparues à Auschwitz, Je terminerai par ces mots de Raymond Aron, une

figure d’humanité dans l’obscurité :

« L’espoir est une des forces les plus puissantes de l’humanité. Il ne s’agit pas de croire naïvement à un avenir

radieux, mais de ne jamais renoncer à œuvrer pour le rendre possible. »

Puisse cette commémoration être le socle d’une résistance puissante pour permette de construire et de

diffuser un enseignement sans concession sur le respect des valeurs fondamentales, dernier bouclier contre la

lâcheté et la barbarie.

Je vous remercie,

Fabienne Bendayan, présidente du Crif Marseille-Provence