Mardi 24 janvier dernier, la Ville de Lyon a communiqué sur son intention d’inviter Salah Hamouri afin de participer à une table ronde mercredi 1er février à l’occasion des 30 ans des accords d’Oslo. Un projet intitulé « Regards sur la Palestine » qui a suscité l’indignation d’un grand nombre de personnes.

Les réactions de la communauté juive

Vendredi 27 janvier, le Grand Rabbin de Lyon avait annoncé sa décision de se retirer du groupe   « Concorde et Solidarité » créé en 2002 par la mairie de Lyon après l’attentat contre la synagogue du quartier de La Duchère. Un départ en forme de protestation contre l’invitation par la municipalité de Salah Hamouri à la conférence.

Pour rappel, Salah Hamouri est reconnu comme étant membre de plusieurs groupes terroristes. Emprisonné plusieurs fois en Israël notamment pour avoir projeté d’assassiner le Grand Rabbin Ovadia Yossef en 2005.

Dimanche 29 janvier, lors de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, qui avait lieu place Bellecour, un millier de membres de la communauté juive de Lyon a hué le nom de Grégory Doucet, qui ne participait pas à la cérémonie. De son côté, le maire de Lyon assure désormais vouloir « organiser prochainement des rencontres grand public » sur la situation réelle en Israël et Palestine, et ce « en lien avec des universitaires reconnus, pour certains vivants en Israël ».

Le travail du CRIF Auvergne Rhône-Alpes

Richard Zelmati, Président du CRIF Auvergne Rhône-Alpes, s’est longuement entretenu avec le maire Gregory Doucet mardi 24 janvier. Ce dernier s’était alors engagé, en le confirmant par SMS, à reporter cette conférence.

Contre toute attente, par voie de presse le 25 janvier, le maire s’est ravisé en maintenant la conférence. Il a cru équilibrer le débat en conviant « un membre au choix de la communauté juive ». « C’est Israël qui a signé les accords d’Oslo, pas la communauté juive ! Nous ne l’acceptons pas ». A affirmé Richard Zelmati dans un mail adressé à la communauté et aux instances religieuses.

Création d’une pétition

A l’initiative du CRIF Auvergne Rhône Alpes et de son Président, une pétition a vu le jour afin d’empêcher la venue de Salah Hamouri à la conférence. Une pétition diffusée en masse et signée par près de 4200 personnes.

Annulation de la table ronde

Après plusieurs jours de polémique et de vives tensions, la ville de Lyon a annoncé, ce lundi 30 janvier, qu’elle renonçait à la tenue de la table ronde prévue à l’Hôtel de Ville. Pas d’autre choix. Une heure avant cette décision, le maire Grégory Doucet a reçu une mise en demeure du préfet délégué pour la défense et la sécurité, lui demandant d’annuler cette conférence pour risque de troubles à l’ordre public, en raison de manifestations et d’affrontements prévisibles.

« Je le fais dans mon rôle de maire qui doit assurer la paix civile et la concorde dans la ville », explique l’élu, regrettant de ne pouvoir « garantir sereinement la liberté d’expression ».

Une décision saluée par le ministre de l’Intérieur

Ce mardi, le député du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre a questionné Gérald Darmanin sur ce qu’il considère être « un simulacre de conférence ». « Sa tenue eût été un scandale », a-t-il déclaré dans l’Hémicycle.

Si Grégory Doucet a annoncé l’annulation de l’événement, le Ministre de l’Intérieur a de son côté expliqué que cette décision avait en partie été dictée par une pression de l’État : « à ma demande, la préfète de la région a évoqué avec le maire de Lyon que si cette conférence était maintenue il serait proposé par l’État de l’interdire pour menace à l’ordre public ». Gérald Darmanin a par ailleurs salué la décision de Grégory Doucet. « Il est heureux que le maire de Lyon ait renoncé à son projet mortifère parce qu’il ne peut pas y avoir, en aucun cas, un doute sur la lutte contre l’antisémitisme dans notre pays », a-t-il conclu.